La peinture à l'encre, un composant important du patrimoine culturel de Chine, a au moins une existence de 2 500 ans, comme l'ont montré des peintures sur soie découvertes dans un tombeau du Royaume des Chu (période des Royaumes combattants : 475-221 av. J.C.) à Changsha, province du Hunan.
« Promenade au printemps » de Zhan Ziqian de la dynastie des Sui (581-618) est le plus ancien paysage de style traditionnel conservé au Musée du Palais impérial à Beijing. Les montagnes, les lacs, les touristes en bateau, à dos de cheval ou à pied y sont dessinés avec une grande délicatesse.
« Promenade au printemps » de Zhan Ziqian
Les peintures de personnages des Tang (618-907) sont réputées pour leur élégance et leur expression vivante. Une d'entre elles, « Dames aux fleurs dans les cheveux » de Zhou Fang, décrit un groupe de dames de la cour se divertissant dans un jardin. Leur silhouettes et leurs tournures ainsi que leurs costumes sont si bien esquissés qu'on distingue aisément leur différence de statut dans la famille impériale et leurs caractères propres.
« Dames aux fleurs dans les cheveux » de Zhou Fang
Les tableaux des Songs (960-1279) décrivent plus à fond la vie de l'époque. « Remonter la rivière pendant la Fête de la Clarté », un chef-d'oeuvre de Zhang Zeduan (525 cm X 25,5 cm), présente une magnifique scène de la prospérité de Bianliang, capitale des Song du Nord (960-1126). La peinture compte 550 personnages : porteurs de palanquin et occupants, cavaliers, conducteurs de char... Chacun d'entre eux, de quelques centimètres de haut seulement, est peint de façon pittoresque. On y voit aussi une soixantaine de chevaux, de boeufs, d'ânes, de mulets et de chameaux, une vingtaine de charrettes et de palanquins, une vingtaine de bateaux de dimension différente et une trentaine de maisons. Ce qui est particulièrement impressionnant, c'est un bateau chargé de céréales qui passe difficilement sous un pont en voûte, les bateliers manoeuvrant de toutes leurs forces à la gaffe, sous le regard des badauds massés sur le pont. Cette scène est si bien représentée qu'il semble qu'on entende le vacarme. Toujours dans le tableau, sur la gauche, une caravane de chameaux se dirige fièrement vers le centre animé de la ville. Tout cela reflète les liens économiques entre la capitale et la province.
« Remonter la rivière pendant la Fête de la Clarté », un chef-d'oeuvre de Zhang Zeduan
Dès les Yuan (1280-1368), les paysages et les peintures de fleurs et d'oiseaux à l'encre de Chine firent de grands progrès. Des artistes de l'époque réussirent à mettre au point de nouvelles techniques de pinceau. Aujourd'hui, de multiples écoles différentes co-existent dans le monde pictural de Chine.
Les caractères de la peinture chinoise se sont formés au cours de deux milliers d'années de développement. Malgré leurs particularités propres, ils ont un trait artistique commun.
En général, la peinture traditionnelle est divisée en deux genres : peinture minutieuse et croquis libre. Le premier cherche à atteindre la véracité et la perfection artistique par une esquisse aussi précise que délicate; le second obtient le même effet par des traits simples et stylisés.
croquis de Liang Kai
croquis de Shitao
Les outils et les matériaux utilisés pour la peinture comprennent le pinceau de style traditionnel, une sorte de papier très fin, l'encre de Chine, des substances minérales et des extraits de plantes. Une attention spéciale est réclamée dans l'emploi du pinceau et de l'encre. Comme la peinture chinoise ne souffre pas de retouche, un peintre doit s'exercer assidûment pour bien connaître et manier parfaitement ses outils et ses matériaux, avant de créer, par exemple, lumière et ombre avec diverses nuances. Pour obtenir un tel effet artistique, il doit savoir observer de façon minutieuse et pénétrante l'objet à tracer - sa forme et son essence, et connaître ce qui est à souligner ou ce qui est à exagérer. Un travail âpre et constant est indispensable avant de réaliser une oeuvre satisfaisante à tout égard.
L' « établissement du sens avant tout », autrement dit la détermination du thème et la conception, est un aspect particulier de l'art pictural chinois. Cette méthode qui met l'accent sur une haute concentration du contenu et la conception artistique, rend les oeuvres plus significatives.
L'importance du pinceau et de l'encre est un autre aspect particulier. En effet, une peinture chinoise est composée essentiellement de lignes diverses qui traduisent les sentiments de l'auteur.
La peinture chinoise n'est nullement une simple copie de la nature. Quelques traits suffisent. Peu d'attention est accordée à la lumière et à l'ombre. De vastes espaces sont le plus souvent laissés en blanc. Mais ce blanc et ces quelques traits vous donnent à avoir des images vivantes et rendent le thème plus expressif. Ces espaces laissés délibérément en blanc forment en quelque sorte un tableau dans le tableau. Ils contribuent à l'obtention de l'effet d'ensemble de la peinture.
La peinture à l'encre de Chine est aussi marquée par l'emploi de différentes perspectives dans une même scène. Cela rehausse l'expressivité et permet de voir ce qui ne peut être vu dans le fond, de sorte que tout thème, quelle que soit sa complexité, toute scène, si immense soit-elle, peuvent être présentés dans un seul tableau.
peinture minutieuse
L'incorporation d'inscriptions poétiques, de calligraphies et de sceaux est aussi un autre aspect particulier de la peinture chinoise. La conception de celle-ci s'explique par une inscription poétique calligraphiée avec élégance. Les sceaux décorent et équilibrent la composition de la peinture. Ils la portent à un plus haut degré d'expression.
Le montage des peintures chinois, sur rouleau, paravent ou album, réclame des techniques spéciales.
Luo Qifan
http://french.peopledaily.com.cn/luo/peinture.htm